Troublée, Eve voulut se retourner, mais n'alla pas bien
loin. Une grande main se posa sur son ventre et Dean pressa
ses hanches contre ses fesses, la coinçant contre levier.
— Tu sais que je n'ai pensé qu'à cet instant toute la
journée ? demanda-t-il dans un murmure qui déclencha un
frisson le long de sa colonne vertébrale. Ça m'obsédait
tellement que je n'arrivais pas à me concentrer sur quoi que
ce soit d'autre.
Ses doigts se contractèrent sur son ventre en une sorte de
caresse, de massage très intime. Le regard d'Eve se porta
vers la fenêtre située au-dessus de l'évier, mais elle ne vit pas
vraiment la tempête qui faisait ployer les arbres, ni même la
lueur des éclairs qui zébraient le ciel. Les nerfs tendus à
l'extrême, elle avait uniquement conscience de la présence de
Dean derrière elle, de sa main qui prenait possession de son
ventre.
— Moi aussi.
— Bon à savoir.
Ses lèvres remontèrent lentement de sa nuque à son
oreille, ses dents mordillèrent le lobe, et la pointe de sa
langue l'agaça délicatement. Les paupières lourdes, Eve
ferma les yeux, mais bloquer sa vision ne fit qu'aiguiser ses
autres sens.
Dean aligna ses jambes le long des siennes et se rapprocha
encore un peu, l'enveloppant de sa force, de sa chaleur et de
son odeur. Sous l'effet de la chaleur virile qui irradiait dans
son dos, Eve sentit ses muscles se ramollir tandis que les
mains de Dean poursuivaient leurs caresses nonchalantes.
Elle avait la sensation qu'il englobait entièrement son
corps, et elle avait une conscience aiguë du pouvoir qu'il
exerçait sur elle. En même temps, elle avait envie qu'il aille
plus loin, elle voulait sentir ses mains partout sur elle et qu'il
la dévore de baisers.
Le cœur battant follement, elle renversa la tête en arrière.
— C'est tellement étrange, Dean...
— Comment cela ?
Ses doigts persistaient à caresser son ventre, menaçant de
descendre plus bas sans jamais s'y décider. C'était diabolique.
Un instant auparavant, Eve se demandait comment le
repousser en douceur, et elle ne pensait plus à présent qu'au
moyen de l'inciter à aller plus loin.
De sa main libre, il écarta ses cheveux, dénudant sa gorge,
puis en recouvrit son épaule. Il ouvrit la bouche au-dessus de
sa peau, si sensible à la jonction du cou et de l'épaule, et
aspira doucement sa chair.
— Ô mon Dieu...
— Tu as aussi bon goût partout ?
Le son de sa voix, grave et ardente, lui tira un gémis-
sement. Dean était doué. Trop doué.
— Comment fais-tu ça ?
— Ça... ? répéta-t-il avant de tracer de la pointe de la
langue un chemin humide le long de son cou, jusqu'au creux
de son oreille. Ou ça... ? enchaîna-t-il en pressant les doigts
un tout petit peu plus bas.
Eve n'était pas timide, ce n'était pas le genre de femme qui
redoute d'exprimer ses désirs. Dans ses précédentes relations,
il lui était arrivé d'exiger clairement des caresses bien
précises... sans jamais atteindre un tel résultat.
Dean avait permis à son corps de s’epanouir comme s'ils
venaient de consacrer une heure entière à de I savants
préliminaires.
— C'est complètement fou !
— Parce que tu aimes que je te touche ?
Il plaça l'autre main sur son épaule, la fit glisser le ' long
de son bras, puis remonter sur son sein.
— Oui, souffla-t-elle.
— Détends-toi, Eve.
— Je suis détendue.
Le rire hoquetant de Dean chatouilla ses terminaisons
nerveuses.
— Non, tu n'es pas détendue. Tu me résistes.
Comment le savait-il ?
Sa main reposait sur son sein sans chercher à l'exciter,
mais Eve sentit la pointe étirer le fin tissu de sa robe. Il
suffisait qu'il laisse ainsi sa main et l'embrasse dans le cou
pour éveiller son désir.
Il manifestait si peu de hâte à passer à l'étape suivante
qu'Eve se surprit à douter de ses intentions.
Jusqu'à ce qu'elle sente son sexe en érection contre ses
fesses.
— Tu es tellement petite, chuchota-t-il avec tant de
douceur que ses mots lui firent l'effet d'une caresse.
— Dean, attends...
— D'accord, dit-il en posant le menton au sommet de sa
tête. Tu veux qu'on parle ?
Dean était vraiment redoutable, elle parvenait tout juste à
respirer. Lui, en revanche, semblait parfaitement maître de
la situation. Mais Eve savait que ce n'était pas possible. Il
était temps qu'elle reprenne le contrôle.
— Oui, ce serait bien de parler un peu.
— De quoi veux-tu que nous parlions ?
Il fallait qu'elle trouve le moyen de gagner du temps, il
fallait qu'elle le surprenne. Elle choisit de lui faire part
d'une chose qui la préoccupait vraiment.
— Où est-ce que ça va nous mener?
L’espace d'un instant, il la serra dans ses bras d'une
f a ç o n purement affectueuse.
Avec un peu de chance et un peu plus de coopération
de ta part, à un orgasme fulgurant.
O mon Dieu. Eve avait le sentiment que Dean n'avait
besoin ni de chance ni de sa coopération pour que cela se
produise. Elle ferma les yeux.
— Je voulais parler de tout ça... Pas seulement de sexe.
Dean parut réfléchir et se pencha en avant pour .1
percevoir son profil.
— Il est probablement trop tôt pour le dire. Où voudrais-tu
que cela mène ?
Elle déglutit. Il lui renvoyait la balle avec une aisance
stupéfiante.
— Je ne sais pas. Mais coucher avec un homme que je
connais à peine ne fait pas partie de mes habitudes.
— Alors, c'est que j'ai de la chance.
— Non, c'est que je ne suis plus vraiment moi-même
depuis qu'on s'est rencontrés. Tout s'est enchaîné très vite,
beaucoup plus vite que d'habitude.
— Mmm, fit-il en reposant son menton sur sa tête.
Comment ça se passe, d'habitude ?
— On sort ensemble... Toi, je t'ai rencontré hier soir, Dean
! En dehors d'un semblant de conversation en présence
d'autres personnes, on n'a même pas eu l'occasion de
vraiment se parler. J'ignore pratiquement tout de toi.
— Est-ce que tu es en train de me demander de partir ?
s'enquit-il d'une voix changée.
— Non !
Elle s'évanouirait de déception s'il partait.
— Non, mais...
— Mais tu veux qu'on sorte ensemble et me connaître un
peu mieux, c'est ça?
Dit comme ça, cela semblait stupide, mais elle refusa de
revenir en arrière.
— Oui.
— D'accord. Ça ne me dérange pas. Qu'est-ce que tu dirais
d'aller au cinéma demain ?
La facilité avec laquelle elle l'avait convaincu la
stupéfiait.
— Au cinéma ?
— Oui.
Son pouce effleura la pointe d'un sein, et elle eut
l'impression que celle-ci allait sortir de sa propre peau.
Dean persista à la caresser, comme pour l'inciter à
répondre.
— Il doit bien y avoir un cinéma à Harmony, non ?
La caresse de son pouce était si nonchalante, comme
si Dean faisait cela sans y penser, qu'Eve n'arrivait plus à
réfléchir de façon cohérente.
— Oui.
— Il programme de bons films ?
Ses deux mains, lourdes et tièdes, recouvrirent sa
poitrine et Eve dut raidir les jambes pour supporter le
poids de son propre corps.
— Par «bons», je veux dire des films d'action ou
d'horreur, précisa-t-il. Pas des trucs de filles, j'ai horreur
de ça.
Les yeux fermés, Eve secoua la tête.
— Je ne sais pas...
— Je me renseignerai. On pourrait peut-être aussi dîner
ensemble.
Ses lèvres frôlèrent sa tempe et, des deux mains, il
agaça la pointe de ses seins.
— Mais je te préviens tout de suite que je ne sais pas
danser. C'est l'un de mes nombreux défauts.
Pourquoi ne se taisait-il pas ? Eve aurait voulu se
laisser aller aux délicieuses sensations qu'il éveillait en
elle.
— Tu sais, Eve, je ne suis pas sûr que tu écoutes
vraiment ce que je te dis.
Elle devina qu'il la taquinait et comprit qu'il jouait
avec elle. Cela la rendit furieuse. Elle s'apprêtait à le
remettre à sa place lorsque son murmure reprit.
— Je crois que je sais pourquoi, affirma-t-il en
déposant un baiser sur sa joue. C'est parce que tu as
besoin de te détendre.
Incapable de répondre, ne serait-ce que d'un hochement de
tête, elle sentit tous ses muscles se contracter dans l'attente
de son prochain mouvement.
— Tu as envie de jouir, Eve ?
Un gémissement franchit les lèvres d'Eve. Dean pressa la
main entre ses cuisses. La pulsation du désir s'intensifia et un
grognement affamé remonta dans la gorge de Dean. La
chaleur de sa chair traversait le tissu de sa culotte et de sa
robe. Ses doigts inquisiteurs l'amenaient déjà au bord du
plaisir.
— Tu es brûlante, Eve, souffla-t-il en la caressant.
Il trouva son clitoris.
— Ta robe ne protège pas grand-chose, mais je préférerais
que tu l'enlèves.
Eve était du même avis.
Elle se pencha en avant pour attraper le bas de sa robe, la
souleva et sentit aussitôt les doigts de Dean s'immiscer dans
sa culotte.
— Brûlante et moite. Tu es tout à fait prête.
Eve referma la main sur son poignet. Non pour la
repousser, mais pour s'assurer qu'il n'écarterait pas sa main.
Son plaisir était si imminent que plus rien d'autre ne
comptait.
— Doucement, ma belle...
Leurs corps s'emboîtaient à merveille. Dean la serrait
étroitement contre lui, sans l'étouffer, en la soulevant
légèrement du sol. Ses mouvements la berçaient et il
l'embrassait toujours tandis que ses doigts poursuivaient leur
manège expert.
— Continue, c'est délicieux...
Sa voix était faible et haut perchée, mais elle avait du mal
à respirer.
Un souffle d'air frais caressa sa peau enfiévrée et elle
réalisa que Dean avait baissé les bretelles de sa robe.
Sa poitrine était nue.
— Tu es si belle... Douce et tellement sensible.
Sa main passait d'un sein à l'autre, son pouce encerclant
délicatement les aréoles.
— J'ai hâte de goûter la saveur de ta chair, mais pour
l'instant, je crois que cette position est parfaite.
Eve abandonna toute résistance. Sans plus se soucier de ce
que Dean penserait de son comportement, elle écarta les
jambes et le sentit sourire contre sa joue.
— Fini de parler, décréta-t-il comme si ce n'était pas lui
qui menait une conversation à sens unique. Laisse-toi faire et
profite.
Se laisser faire ? Elle le connaissait à peine. Cette pensée
traversa si rapidement son esprit qu'Eve n'eut pas le temps de
s'y arrêter. Entre les doigts qui effleuraient ses seins et ceux
qui glissaient entre ses cuisses, la stupéfiante puissance du
corps qui supportait le sien et les tendres baisers qui
humectaient délicieusement sa nuque et sa gorge, toute idée
cohérente demeurait hors d'atteinte.
Dean semblait deviner avec précision quelle pression
exercer à l'endroit idéal. Émerveillée par son savoir-faire et
par la connaissance intuitive qu'il avait de son corps - plus
approfondie que la sienne même -Eve se sentait dériver vers
l'orgasme. Les sensations étaient plus fortes qu'elle ne l'aurait
cru possible. Plus douces, aussi. Plus intenses.
Il l'avait amenée au bord du gouffre à une vitesse
sidérante.
Elle enfonça les doigts dans ses cuisses pour garder
l'équilibre. Elle n'avait pas prémédité de le faire - elle n'était
pas en état de préméditer quoi que ce soit -mais elle se pressa
contre lui et frotta ses fesses contre son érection.
Dean n'émit pas un son, ne modifia pas le rythme de ses
caresses, mais elle sentit les battements de son cœur
s'accélérer contre son omoplate et la chaleur de son corps
s'intensifier.
À l'instant précis où elle en ressentit le besoin, il
introduisit lentement un doigt dans sa fente et elle s'entendit
gémir. Il saisit une pointe de sein entre le pouce et l'index et
la pressa doucement, tout doucement... Eve s'enflamma.
— Maintenant, souffla-t-il.
Il referma ses dents sur son épaule en une suave morsure et
Eve sentit le peu de volonté qui lui restait s'envoler.
Un orgasme fulgurant traversa son corps et ses muscles
palpitèrent autour de son doigt. Avec un grognement
approbateur, Dean l'introduisit plus profondément en elle.
Les jambes raides, la tête renversée en arrière, Eve se laissa
aller. Lorsqu'elle atteignit la crête d'un plaisir si intense qu'il
en était presque douloureux, il s'ingénia à le prolonger si
longuement qu'Eve eut l'impression que cela ne s'arrêterait
jamais.
Quand il écarta finalement la main, ses jambes
l'abandonnèrent, mais Dean la souleva dans ses bras.
— Où est la chambre ?