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Cam faillit tomber du toit

Elle était tellement occupée à lutter contre la pluie et le

vent avec sa feuille de plastique, qu'elle avait à peine

remarqué la voiture qui venait de se garer. Dans un coin de

sa tête, elle s'était dit que c'était un voisin qui rentrait chez

lui.

— Dean? devina-t-elle.

— Coucou, Cam ! répondit Jacki. Dean m'a raccom-

pagnée.

Cam s'approcha prudemment du bord du toit mouillé et

baissa les yeux vers son frère et sa sœur.

Son frère et sa sœur.

Elle n'en revenait toujours pas. Juchée sur le toit en plein

orage, elle sentit des larmes lui picoter les yeux. Des larmes

de joie. Depuis l'arrivée de Dean, elle s'était retenue de

pleurer.

— Où étais-tu, Jacki? questionna-t-elle.

— Qu'est-ce que ça peut bien faire, maintenant ? répliqua

Dean.

— Je ne savais même pas qu'elle était sortie !

— Tu es sur le toit, Cam, grogna-t-il. En plein orage. Et en

robe de chambre, en plus ! ajouta-t-il d'un ton horrifié.

Cam avait effectivement enfilé une robe de chambre par-

dessus sa chemise de nuit. Qu'aurait-elle pu faire d'autre, une

fois qu'il s'était mis à pleuvoir dans la maison ? Attendre le

lendemain matin et laisser la pluie abîmer la toiture toute la

nuit ?

Elle n'avait pas les moyens de faire appel à un couvreur, et

elle ne pouvait demander de l'aide à personne en dehors de

Roger, qui ne l'avait déjà que trop aidée.

Le vent enroula la feuille de plastique autour de ses

jambes et plaqua des mèches de cheveux mouillés sur son

visage.

— Entrez vous mettre au chaud, je descends vous faire du

café dans une minute !

— Où est l'échelle ? s'enquit Dean.

— Derrière. Pourquoi ?

— Descends de là immédiatement !

Il s'éloigna avant qu'elle ait eu le temps de répondre

qu'elle n'avait pas terminé. Avec précaution, elle libéra ses

jambes du plastique et regagna à petits pas l'endroit où elle

pensait avoir localisé la fuite.

Une minute plus tard, une main puissante la saisit par le

coude.

— Ça suffit, Cam. Tu descends et tu rentres. Tu te

sèches et tu fais du café si tu en as envie. Ou plutôt

non... tu demandes à Jacki d'en faire.

Comment Dean avait-il fait pour grimper sur le toit aussi

vite ? Il n'écartait même pas les bras pour garder l'équilibre.

Il se tenait bien droit et la dominait de toute sa hauteur.

— Elle ne saura pas, elle n'en a jamais fait, répliqua-t-elle

en secouant la tête.

— Il est grand temps qu'elle apprenne.

— Je ne peux pas descendre tout de suite. Il faut que je...

— Laisse. Je m'en occupe.

— Merci, c'est très gentil de ta part, mais je ne peux pas

te...

— Si. Tu peux. La preuve : tu vas le faire.

— Si tu veux vraiment m'aider, puisque tu es là de toute

façon, je veux bien. Mais je n'ai qu'un seul marteau et un

sachet de clous.

— Je n'ai besoin de rien d'autre.

— Tu pourrais maintenir le plastique en place pendant que

j'enfonce les clous. On ira plus vite, à deux...

— Tu vas me déranger.

Sans qu'elle comprenne comment, il s'était arrangé pour

l'obliger à se rapprocher de l'échelle, au bas de laquelle

patientait Jacki.

— Mais enfin, Dean, ça fait partie de mes responsa-

bilités...

— Plus maintenant. Fais attention en descendant, les

barreaux sont glissants.

Il attendit qu'elle s'engage sur l'échelle.

Sa robe de chambre et sa chemise de nuit trempées

s'entortillaient autour de ses jambes, et les ballerines qu'elle

avait enfilées en hâte faisaient un bruit de succion chaque

fois qu'elle posait le pied sur un barreau.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda-t-elle une fois

qu'il n'y eut plus que sa tête à dépasser du toit.

— Pour commencer, je vais localiser les fuites.

— C'est fait. J'étais en train de les colmater. Dean baissa

les yeux vers la feuille de plastique.

— Je ne crois pas, non.

— Mais...

— Les fuites se produisent au niveau de tuiles disjointes

ou quand le zingage s'érode autour des cheminées.

Il ne comprenait pas.

— J'installais des feuilles de plastique là où l'eau coule

dans la chambre de Lorna.

— Tu ne sais pas de quoi tu parles, Cam. Excuse-moi de

te dire ça aussi abruptement. L'endroit où ça coule à

l'intérieur n'a généralement rien à voir avec l'origine de la

fuite.

— Ah bon ?

— Écoute, plus je passerai de temps à t'expliquer tout ça,

plus je serai mouillé et plus il y aura de chances pour que je

glisse et me retrouve le cul par terre.

Personne ne lui avait jamais parlé comme ça, et Cam eut

envie de sourire. Elle serra les lèvres et hocha la tête.

— D'accord. Sois prudent.

— Je te rejoins dans cinq minutes.

Cam aurait voulu le remercier, mais les mots lui man-

quèrent et Dean s'était déjà retourné pour se mettre au

travail. Elle descendit l'échelle, passa sans mot dire devant sa

sœur et rentra dans la maison.

À l'intérieur, l'atmosphère était moite, presque étouffante.

Pourvu que la climatisation ne soit pas tombée en panne, se

dit-elle. Si une nouvelle catastrophe se produisait, elles

n'arriveraient même plus à vendre la maison. Sachant qu'elle

était seule dans la maison, elle se débarrassa de ses

vêtements et de ses chaussures dans la buanderie avant de

monter se changer à l'étage.

Quelques secondes plus tard, Jacki entra dans sa chambre.

Elle s'adossa à la porte et regarda sa sœur se sécher les

cheveux avec une serviette.

— Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Cam en relevant la tête. Tu

as l'air tout drôle.

— Il y a que tout est bizarre, répliqua Jacki.

— Qu'est-ce que tu trouves bizarre ? Que Dean apparaisse

et qu'il insiste pour m'aider ?

— Oui, répondit Jacki en se laissant tomber sur le lit de sa

sœur. J'ai trouvé du travail au bar du Cadavre, annonça-t-elle

après un silence.

— Qu'est-ce que tu dis ? demanda Cam en immobilisant le

peigne qu'elle était en train de faire glisser dans ses cheveux.

— Dean a raison. Je dois travailler et ce boulot me

convient. Je commence lundi.

— Je vois.

— Le truc, c'est que quand Dean a su que j'étais dans ce

bar, il a insisté pour me raccompagner à la maison.

— Comment l'a-t-il su ?

— Il a planté Eve pour venir me chercher, précisa Jacki

avec une mine de conspiratrice.

— Eve?

Que venait faire Eve dans cette histoire ?

— Ils étaient en train de... tu vois ce que je veux dire,

expliqua Jacki en remuant les sourcils.

Cam s'assit à côté d'elle.

- Comment le sais-tu ?

— J'ai appelé Eve pour lui demander si elle avait le

numéro de Dean, vu qu'il ne nous l'avait pas donné et que

j'avais remarqué que le courant passait bien entre eux, au

restaurant. Tu es d'accord?

— Oui.

— Donc, je l'ai appelée, et quand elle a répondu, j'ai tout

de suite compris que je ne la réveillais pas.

— Je ne veux rien savoir de plus ! Ou plutôt si : pourquoi

avais-tu besoin de téléphoner à Dean ?

— C'est une longue histoire que je te raconterai plus lard.

Figure-toi qu'Eve n'a pas eu besoin de me donner le numéro

de Dean... Elle s'est contentée de me le passer.

— Quelle heure était-il ?

— C'était il y a moins d'une heure. Et Dean n'a pas

cherché à dissimuler que je les dérangeais.

— Il n'a pas été grossier avec toi, j'espère?

— Étant donné la situation, je l'ai trouvé très zen !

s'esclaffa Jacki.

— Tu aurais dû m'appeler pour que je vienne te chercher.

— C'est marrant, j'étais sûre que tu dirais ça! Pourquoi te

sens-tu toujours responsable de moi ?

— Parce que tu es ma sœur.

— Oui, mais j'ai vingt et un ans, pas douze ! Est-ce que tu

te rends compte que sous prétexte que les parents sont morts,

tu me traites comme une petite chose fragile ?

Cam se mordilla les lèvres. Jacki avait raison. Mais elle

l'aimait tellement qu'elle voulait lui épargner de se sentir

seule.

Comme elle.

— Dean est trop marrant ! déclara Jacki en se levant.

Quand tu parles avec lui, c'est pas comme avec les autres

mecs.

— C'est ton frère, Jacki. C'est normal.

— Je sais, mais il ne nous connaît pas, Cam. Ce n'est pas

comme si on avait grandi ensemble.

Un coup de marteau retentit sur le toit, et elles

s'immobilisèrent.

— Il tape plus fort que toi, commenta Jacki en souriant.

Des pas ébranlèrent lourdement la toiture, suivis de

plusieurs coups de marteau. Quelques instants plus tard, une

porte s'ouvrit dans le couloir.

— Qu'est-ce qui se passe, ici ?

Jacki leva les yeux au ciel.

— Attention, la grande tragédienne s'apprête à entrer en

scène !

— Tiens-toi correctement, chuchota Cam avant de plaquer

un sourire sur ses lèvres pour rejoindre sa tante dans le

couloir. Désolée que le bruit t'ait réveillée, tante Lorna !

Lorna occupait la plus grande chambre au bout du couloir.

La seule à disposer d'une salle de bains. Jacki et Cam

occupaient deux chambres plus modestes à l'autre bout du

couloir, séparées par une salle de bains qu'elles partageaient.

Le regard de Lorna passa alternativement d'une sœur à

l'autre, et la colère que reflétait son visage céda la place à la

perplexité.

— Si vous êtes ici toutes les deux, qui est sur le toit?

— Dean.

Lorna pinça les lèvres, ce qui lui donna l'air... ridicule. Le

turban qui protégeait sa permanente quand elle dormait, sa

peau luisante de crème antirides et les patchs qu'elle

disposait sur ses pattes-d'oie et autour de ses lèvres, y étaient

peut-être aussi pour quelque chose.

Cam s'efforça de ne pas la dévisager, mais Jacki ne fit pas

preuve d'autant de discrétion.

— Tu t'es coupée en te rasant, tante Lorna ?

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu as des pansements collés un peu partout.

Lorna se gonfla de fureur et Jacki lui trouva un air

de ressemblance avec une brioche.

— Pauvre idiote ! Une femme ne se rase pas le visage !

Cam se mordit la lèvre pour masquer son sourire.

— Pourquoi tu t'es mis des pansements, alors ?

— C'est un soin de beauté. Cam

s'interposa.

— Tu ne pourras jamais être plus belle que tu ne l'es déjà,

assura-t-elle suavement.

— N'essaie pas de me distraire, rétorqua sa tante, bien

qu'il fût évident que le compliment l'avait touchée. Je veux

savoir ce que cet homme fait ici.

Jacki contourna Cam pour se planter devant Lorna.

— Cet homme est notre frère !

— Comme si ça changeait quelque chose ! Il a dit lui-

même qu'il...

— Ça suffit.

Cam était farouchement déterminée à faire accepter Dean

par sa tante.

— C'est à moi d'en juger, jeune fille ! Que fait-il ici au

beau milieu de la nuit ? Qu'est-ce qu'il t'a raconté ? ajouta-t-

elle en dévisageant Cam d'un air suspicieux.

— Raconté ?

— Il est ici pour semer la zizanie, déclara Lorna en agitant

le poing. Pour faire des histoires et nous attirer des ennuis. Il

mettra...

— // est sur le toit! cria Cam. Il le répare sous la pluie

pour que ça ne coule pas dans ta chambre !

Lorna se redressa.

— C'est parfaitement inutile, tu as déjà mis un seau sous

la fuite. Tu aurais mieux fait d'appeler Roger. C'est ton

fiancé, au cas où tu l'aurais oublié.

— Pas encore, intervint Jacki. Elle ne lui a rien promis. En

fait, il n'y a que toi que ça...

Cam avait attrapé sa sœur par le bras et la poussait vers

l'escalier.

— Retourne te coucher, tante Lorna, lui conseillât-elle.

— J'ai encore à te parler.

— Plus tard, lança-t-elle par-dessus son épaule.

Tirant sa sœur derrière elle, Cam posa le pied sur la

première marche. Dean se tenait au bas de l'escalier.

Immobile, il prêtait une oreille attentive à ce qui se disait

au premier étage. Leurs regards se croisèrent.

— Moi qui craignais de faire trop de bruit... laissa-t-il

tomber d'une voix nonchalante.

Il semblait parfaitement calme, mais Cam savait qu'il avait

entendu son altercation avec Lorna. Elle commençait à être

fatiguée des sourires de façade, mais trouva néanmoins

l'énergie d'en plaquer un sur ses lèvres.

— Dean! Je n'avais pas réalisé que tu avais fini. Le café

sera prêt dans une minute.

— Je croyais qu'elle devait s'en occuper, répondit-il en

regardant Jacki.

— Elle était en train de discuter avec moi.

Jacki s'avança.

— Je m'en occupe ! Si tu perds tes cheveux après l'avoir

bu, tu ne t'en prendras qu'à toi-même, glissa-t-elle à l'oreille

de Dean quand elle passa près de lui.

Son frère sourit, puis releva les yeux vers Cam.

— Il faut qu'on parle, toi et moi.

— Bien sûr. Mais il faut d'abord que tu te sèches. Je vais

t'apporter une serviette.

Lorsqu'elle le rejoignit, Dean lui saisit le bras. Cam

s'aperçut qu'il levait les yeux vers le palier du premier étage,

où se tenait Lorna.

— Montre-moi les fuites à l'intérieur de la maison.

— Elles sont, euh... surtout dans la chambre de tante

Lorna.

— D'accord.

Sans lâcher son bras, il entreprit de gravir les marches et

Cam n'eut pas d'autre choix que de le suivre. Lorna ne

bougea pas d'un pouce. Elle leur bloquait ostensiblement le

chemin et Cam se demanda ce qui allait se passer.

Dean s'arrêta en face d'elle. Il avait beau être une marche

en dessous, il la dépassait quand même.

— Bouge, se contenta-t-il d'ordonner.

Lorna leur céda le passage en marmonnant, mais les suivit

de près tandis que Dean s'engageait dans la mauvaise

direction.

— La chambre de Loma est de l'autre côté, lui dit Cam.

Dean jeta un coup d'œil méprisant à sa tante.

— Tu as pris la chambre de mes parents ?

— Elle était vide, lâcha-t-elle avant de porter la main à son

front comme si elle regrettait ce qu'elle venait de dire. Cam

et Jacki venaient de perdre leurs parents, il était inutile de les

perturber davantage en leur imposant de quitter leurs

chambres.

Le regard de Dean portait à présent tout au fond du

couloir, au-delà de la chambre de Lorna. Cam posa la main

sur celle dont son frère enserrait son bras.

— C'était ta chambre? demanda-t-elle, la gorge serrée.

— Jusqu'à ce que j'aie huit ans, oui, répondit-il sèchement.

Montre-moi les fuites.

Lorna s'empressa de les devancer et se planta devant la

porte de sa chambre.

— Tu n'entreras pas ici.

— Tu veux que je répare ces fuites, oui ou non ? s'enquit

Dean en pivotant vers Cam.

— Comment ça, que tu les répares ? Tu veux dire

complètement ?

— Poser des rustines chaque fois qu'il pleut me semble un

peu léger comme réparation, non ?

Cam grimaça.

— Mais au moins, tu as essayé de faire quelque chose, toi,

ajouta-t-il en se tournant vers Lorna, retrouvant son air

sombre.

— Quelle importance? riposta Lorna. De toute façon, on

vend la maison.

— Il faut refaire toute la toiture, expliqua Dean à sa sœur.

Il aurait fallu le faire depuis au moins cinq ans. I

évidemment, à l'époque tu étais encore au lycée.

— Oui, c'est comme si tout s'était détraqué en même

temps, soupira-t-elle.

— C'est ce qui se passe quand on n'entretient pas

régulièrement une maison. Les deux couches de tuiles sont

en mauvais état et il faudra probablement que nous les

enlevions.

— Nous ? glapit Cam.

— J'ai besoin d'activité physique pour rester en forme. Et

le nouvel amoureux de Jacki me donnera un coup de main.

— Quel amoureux ? s'inquiéta-t-elle aussitôt.

— Elle ne t'a rien dit ?

— Elle m'a dit qu'elle me raconterait quelque chose plus

tard.

— C'est sûrement de lui qu'elle parlait. Gregor le

Maniaque.

— Ô mon Dieu ! s'exclama Cam en portant la main à sa

bouche.

— C'est un combattant professionnel, Cam, la rassura-t-il.

Comme moi.

— Comme toi ?

— Il fait partie de la même organisation, mais il n'est pas

aussi bon que moi. Vu qu'il tient absolument à lutter contre

moi et qu'il courtise ta sœur pour des raisons évidentes, je ne

devrais pas avoir trop de mal à le convaincre de m'aider...

Cam demeura un instant silencieuse. Cela faisait beaucoup

de nouvelles d'un seul coup. Dean et Eve avaient une liaison,

sa petite sœur fréquentait un type répondant au surnom de

Maniaque, et son frère se proposait de réparer la toiture. Elle

ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit.

— C'est parfaitement ridicule ! grinça Lorna. Réparer ce

toit serait une dépense inutile puisque de toute façon, nous

vendons la maison. Écoute-moi bien, ma petite Cam...

commença-t-elle en s'écartant de la porte.

Aussitôt, Dean l'ouvrit et pénétra dans la chambre. Il fit

deux pas à l'intérieur, s'immobilisa, puis émit un long

sifflement. Cam le rejoignit, suivit son regard et découvrit

une énorme cloque au plafond ; elle avait doublé de volume

depuis la dernière fois qu'elle l'avait vue.

— On dirait un gros blob qui n'arrête pas d'enfler.

Dean avisa le grand seau déjà à moitié plein et secoua

la tête.

— Il faut se dépêcher de mettre quelque chose de plus

grand là-dessous.

— Plus grand ?

— Oui, beaucoup plus grand. Une lessiveuse ou quelque

chose comme ça. Cette poche est pleine d'eau, expliqua-t-il

en ramassant le seau pour aller le vider dans la salle de bains

de Lorna. Elle ne va pas tarder à exploser.

Cam jeta un coup d'oeil terrifié à la cloque qui était aussi

grosse qu'un ballon de basket, puis se rua vers l'escalier.

— Tu te décides enfin à me rejoindre ? demanda Jacki en

la voyant surgir dans la cuisine.

— Pas encore ! répliqua-t-elle en se précipitant dans la

buanderie. Aide-moi à trouver un grand seau, Jacki ! lança-t-

elle en remuant les objets entassés sur les étagères. Ou même

deux ou trois. Le plafond va exploser!

— Dans la chambre de Lorna ?

— Oui.

Jacki renifla d'un air méprisant.

— Jacki ! J'ai laissé Dean tout seul avec Lorna !

Jacki traversa la buanderie comme une flèche pour

aller dans le garage. Elle revint bientôt, porteuse de deux

seaux de taille moyenne.

Il faudrait bien s'en contenter.

Un rugissement en provenance du premier étage les cloua

soudain sur place. Leur tante venait de proférer un long cri

outragé. Mais un autre bruit leur parvint...

Les deux sœurs échangèrent un regard avant de se ruer

dans l'escalier.

Dans la chambre de Lorna, un étrange spectacle les

attendait. Écroulé dans un coin, Dean se tordait de rire. Il

riait tellement qu'il ne tenait plus sur ses jambes. Le seau

vide pendait au bout de son bras.

Au milieu de la pièce se tenait Lorna, trempée de la tête

aux pieds, son turban de travers et ses patchs antirides à

moitié décollés.

Un rire nerveux franchit les lèvres de Jacki avant qu'elle

ne plaque la main sur sa bouche.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Cam.

Hilare, Dean fut incapable de lui répondre.

Lorna, en revanche, ne voyait rien de drôle à la situation.

Elle leva les yeux vers le plafond.

— Dean avait raison, déclara-t-elle en leur tournant le dos

pour se diriger vers la salle de bains. Le plafond a explosé.